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  • Photo du rédacteurLe Lys

Trafics en tous genres autour des vaches sacrées en Inde

Plus de 4000 morts par jour : cela fait des semaines que ça dure et le pic ne passe pas, les villes les plus peuplées comme Delhi, mais aussi Calcutta, sont débordées par le nombre de cas graves. Et faute d‘avoir suffisamment de lits d’hôpitaux, de bouteilles d’oxygène et de vaccins pour tout le monde, certains Indiens s’en remettent à des solutions, disons, alternatives. Ce qui donne lieu à un genre nouveau de séances de médecine parallèle, montrées dans un reportage vidéo du South China Morning Post : un homme nous y explique qu’il s’enduit le corps d’un mélange de lait, de beurre clarifié et surtout de bouse et d’urine de vache, parce que ces excréments, nous explique-t-il, sont très riche en vitamine B12 qui pénètre sous la peau quand le mélange est étalé sur tout le corps et laissé suffisamment longtemps pour y sécher. Voilà comment il se protège, nous assure-t-il, d’une contamination au Covid, lui qui est exposé chaque jour à des malades dans son travail.

Ces pratiques ont pris une telle importance en Inde que les autorités sanitaires ont jugé nécessaire d’alerter sur leur absence d’efficacité voire même sur le fait qu’elles renforcent, à l’inverse, la circulation du coronavirus, puisque ceux qui y ont recours se croient protégés et ne respectent plus aucun geste barrière, complète le quotidien The Deccan Herald.

On est là face à une combinaison de désinformation sur les réseaux, de charlatanisme qui exploite certaines croyances ancestrales, et surtout de grande confusion de millions d’Indiens confrontés à la menace de la pandémie sans grand-chose d’autre que des queues de vaches sacrées auxquelles se raccrocher. Et même les vaches ne sont plus si sacrées que ça pour certains en Inde… Sujet exploré dans l’enquête très fournie menée par le magazine The Caravan, qui y consacre la Une de son édition du mois de mai. Enquête sur les trafics de vaches à travers toute l’Inde, des animaux volés en pleine rue ou en plein champ pour être acheminés vers des régions du pays où l’on est moins regardant sur le caractère sacré des bovins et sur le bien-être animal de manière plus général.


Le trafic de vaches, et in fine de leur viande, est une véritable mafia qui génère des quantités énormes d’argent sale… le mensuel en veut pour preuve cette anecdote racontée il y a quelques semaines par le Times of India : des agents de la répression des fraudes étaient venus perquisitionner les bureaux d’une entreprise de Calcutta soupçonnée de dissimuler du trafic de viande, et les voisins de l’immeuble avaient été surpris de voir, dans la rue à l’arrière du bâtiment, une pluie de billets de banque qui a duré plusieurs minutes, le temps pour un employé de faire disparaître le butin… en le jetant par la fenêtre.


Au-delà de l’anecdote, les articles de The Caravan nous plongent dans l’univers du crime organisé indien et pointe les hypocrisies du pouvoir nationaliste hindou de Narendra Modi qui se dit très à cheval sur les principes religieux et la protection des vaches mais laisse proliférer ce trafic particulièrement lucratif. Il ne manque plus que ces trafiquants se mettent à commercialiser de la bouse de vache à prix d’or dans de beaux emballages pharmaceutiques garantis anti-Covid-19, et la boucle sera bouclée.


France Culture


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